Motiver avec des primes a des limites : cela rend les gens stupides
Karl Duncker, un chercheur, décide de tester l'influence de l'argent sur la motivation et la capacité de trouver des solutions à un problème et il invente le test suivant.
Le test consiste à faire entrer le sujet dans une pièce dans laquelle se trouve une table sur laquelle est posées une bougie, une boîte d'allumettes et une boîte de punaises (situation A sur le schéma). Le mur adjacent est recouvert d'un panneau de liège. L'expérimentateur demande au sujet de fixer la bougie au mur puis d'allumer la bougie : il ne faut ensuite pas que de la cire tombe sur la table située en dessous même si toute la bougie a fondue.
Il n'existe qu'une seule solution au problème : vider la boîte de punaises, fixer la boite au mur à l'aide de punaises, poser la bougie dedans et l'allumer (situation B sur le schéma). La difficulté du problème réside dans ce qu'on appelle, en anglais, "functional fixedness", c'est à dire le fait que quand on attribue mentalement à un objet une fonction, on a du mal à changer d'avis (on pourrait traduire par "fixation fonctionnelle"). C'est pourquoi beaucoup de personnes testées vont essayer d'autres idées : certains d'entre-eux tentent, sans succès, de fixer directement la chandelle au mur avec des punaises ou en faisant fondre une partie de la cire de la bougie pour la coller directement au mur.
Ce test va être mené auprès de 2 groupes de personnes : un groupe fera le test gratuitement, dans l'autre, le plus rapide sera payé, le deuxième sera payé un peu moins, le troisième encore moins et les autres n'auront rien. On chronomètre le temps nécessaire à résoudre le problème. Au grand étonnement des chercheurs, le groupe motivé par l'argent est plus lent que le groupe qui travaille gratuitement !
Ce test sera refait dans différents contextes culturels et le résultat sera toujours le même : le groupe motivé par l'argent est toujours plus lent que le groupe qui fait la tâche gratuitement !
Les chercheurs vont alors changer un élément dans l'expérience : plutôt que de présenter les punaises dans la boite, ils vont présenter les punaises à côté de la boite. Le problème devient alors beaucoup plus simple puisqu'il n'y a pas le problème de "functional fixedness" : la solution est assez évidente.
On recommence alors les tests dans les mêmes conditions que précédemment.
Et là, les plus rapides sont ceux qu'on paye !
Conclusion des psychologues sur les décennies de tests menés : le management par la carotte et la bâton (primes/réprimandes) fonctionne bien quand le métier de la personne ne nécessite pas de réflexion, que la réponse et connue d'avance et que ce n'est qu'une histoire de quantité de travail (un manutentionnaire par exemple).
Par contre, pour tous les postes qui nécessitent ne serait-ce qu'un petite part de réflexion et d'imagination (c'est à dire tous les postes à responsabilité), on obtient un effet inverse. La part de créativité diminue et les capacités de réflexion diminuent d'autant plus que la prime est importante.
Motiver par l'argent si vous ne voulez pas que les employés réfléchissent, sinon, trouvez autre chose...
A méditer.